Chemin de fer
Création 2021 au Théâtre Dijon Bourgogne

Dates

  • Du 4 au 15 janvier 2021 : Résidence de recherche et d’écriture textuelle à La Quincaillerie / Venarey-Les Laumes
  • Du 05 avril au 16 avril 2021 : Résidence de recherche sonore à La Quincaillerie/ Venarey-Les Laumes
  • Du 8 au 19 juin 2021 : Résidence au plateau à la Quincaillerie-Les Laumes
  • Du 27 au 03 octobre 2021 : Semaine  de construction à la Quincaillerie-Les Laumes
  • Du 04 au 31 octobre 2021 : Résidence de création au Château de Monthelon
  • Du 08 au 15 novembre 2021 : Résidence de création au Théâtre Dijon Bourgogne - CDN
  • Création le 16 novembre 2021  au Théâtre Dijon Bourgogne - CDN / 20H
  • Les 17 et 18 novembre à 20H et  19 novembre à 18H30  : Représentations au Théâtre Dijon Bourgogne - CDN
  • Les 24 novembre à 19H et 25 novembre à 20H  : Représentations au 2 scènes - Scène nationale de Besançon
  • Les Vendredi 23 et samedi 24 septembre 2022 – 20h00 / Dimanche 25 septembre – 18h00 à la Quincaillerie - Venarey-Les-Laumes
  • Les 04 et 05 novembre 2022 au Bois Harel - Rennes
  • Les 10 et 11 novembre 2022 à la Fonderie - Le Mans
  • Du 10 au 16 mai 2023 à l’Echangeur / Bagnolet
  • Les 20 et 21 mai 2023 au Pantographe / Venarey-les-Laumes

Notre grand récit du chemin de fer, de la transformation de l'homme, des territoires et des paysages s'organise en dehors de toute chronologie. Nous choisissons le vagabondage, les passerelles jetées entre les époques et les continents plutôt que la logique d'un récit linéaire.
A partir d'un point de vue local inspiré d'une conférence de Alain Dorotte, l'implantation du chemin de fer à Venarey-Les Laumes, une ville entièrement cheminote qui traverse le temps, depuis l'assèchement des marais jusqu'à la la disparition des postes de commandes manuelles, nous poursuivons avec un essai de Jean Paul Curnier « Il n'y a plus personne dans les gares » qui décrit la fin d'un monde, celui de la complicité des cheminots avec les machines jusqu'au passage à l'automatisation. Le désert d'Elio Vittorini est une vision brève de cette désolation du paysage corrélative souvent au développement industriel et urbain de notre monde - lé désert qui subitement peut surgir au milieu de la ville et nous envahir.
Puis un détour par un monument de la littérature, La Prose du transsibérien de Blaise Cendrars exaltation du voyage, fracas et fureur du train,  métaphore polyhallucinée de la machine qui emporte tout, fissure le réel et déchaîne à son bord les sentiments les plus paradoxaux.
La scène des ingénieurs est une fantaisie sur l'apparition et le projet des cités cheminotes, sur l'idéologie sourde de Raoul Dautry qui consistait à contenir les ouvriers du rail dans un milieu de vie forclos, à l'écart des visées politiques susceptibles de subvertir leur infaillible vocation… Les Chemins de fer de Louis-Gabriel Gauny permet un retour en arrière sulfureux, pamphlet de la fin du 19e siècle, charge sans filtre et sans ménagement contre les effets néfastes, l'aliénation et les destructions causées par le chemin de fer au commencement de son histoire…

Dans la deuxième partie du spectacle, nous embarquons dans un train fou en direction des Amériques ; Une figure étrange de bonimenteur  nous expose avec cynisme les contradictions internes au développement ferroviaire dans cette partie du monde, non dans un souci de contextualisation historique exacte, mais dans une fragmentation sauvage et perturbante avec à l'arrière plan l'histoire du Rock'n'roll, les lignes de tension et les rêves des Hobos américains : la liberté folle de parcourir des distances infinies sans débourser un centime dont parle Jack London dans les vagabonds du rail. Se succèdent  alors les odes de Walt Withman dédiant ses strophes à une locomotive en hiver, un extrait des inconférences de EE Cummings à propos de ses parents dont la voiture est percutée par un train tuant son père sur le coup ou le rock cru de Captain Beefheart déclamant son railroadism - fièvre du rail où vie et fraude ne font plus qu'un ; déviance du voyage, tracés excentriques, sortie du cours marchand des flux et des trajets ferroviaires. Le bonimenteur cependant nous rappelle inexorablement les devenirs du train en tant qu'inlassable instrument de conquêtes : colonisation par le rail des territoires des peuples originaires, continuité troublante jusqu'à aujourd'hui, dans des projets ferroviaires, aussi nocif que le "train maya" détruisant les écosystèmes et profitant aux seules entreprises occidentales.

Nous parvient au terme de cette échappée ferroviaire, un chant extrait de l'incroyable manuscrit retrouvé dans le Val de Suse, écrit dans la langue de Dante et évoquant la lutte No Tav contre Le TGV Lyon Turin…

Le beau mot de « chemineau » désignait autrefois ceux qui cheminent à pied, vagabonds, colporteurs, chiffonniers, couteliers, ouvriers terrassiers à la recherche d'un emploi, puis enfin les cantonniers employés à surveiller et à réparer les voies. (…). Simplifié en cheminots, le mot désigne aujourd'hui l'ensemble des salariés des sociétés de chemins de fer - et en particulier ceux dont le statut est défini entre 1909 et 1920 puis en 1937 par une convention collective arrachée de haute lutte (…)

Sortons à l'air libre, sur la route, le long des voies, dans les champs, occupons les boulevards, les forêts, les facs, les places, les plages. Avec les cheminots grévistes, traçons les voies nouvelles.
Déferlons hors de leurs frontières.

Pascale Fautrier, extrait de Occuper les lieux, in La Bataille du Rail, Cheminots en grève, Editions Don quichotte 2018

Crédits

Conception : Alexis Forestier et Itto Mehdaoui
Mise en scène : Alexis Forestier
Interprétation : Jean-François Favreau, Alexis Forestier, Christophe Lenté, Itto Mehdaoui

Dispositif sonore, lumière, vidéo : Vincent Lengaigne
Écriture et montage des textes : Alexis Forestier, Itto Mehdaoui
Création musicale collective : Jean-François Favreau, Alexis Forestier, Christophe Lenté, Itto Mehdaoui, Vincent Lengaigne, et en compagnie sonore de Hache Tendre, Toys’r noise, France sauvage, Terrine, Osso el roto, Jiflure, Zga…
Création lumière : Johanna Thomas, avec l’aide d’Andrea Bozza

Régie son et vidéo : Camille-Nina Rouchon
Régie lumière : Andrea Bozza
Masque : Cécile Kretschmar
Construction : Matthieu Rouchon et les endimanchés

Administration : Antoine Lenoble
Diffusion : Charlotte Kaminski

Textes : Blaise Cendrars, Jean-Paul Curnier, Alain Dorotte, Louis-Gabriel Gauny, Franz Kafka, Jack London, Elio Vittorini, Walt Whitman, etc.

Production : Cie les endimanchés
Coproduction : Théâtre Dijon Bourgogne – CDN / Les 2 scènes – Scène nationale de Besançon

Avec l'aide à la production du conseil régional de la région Bourgogne - Franche-Comté.
Avec les soutiens du Château de Monthelon et de la Quincaillerie - Venarey-les-Laumes.
La cie les endimanchés est conventionnée par le ministère de la culture - DRAC Bourgogne - Franche-Comté et soutenu par le département de la  Côte d'Or