À propos de

La compagnie les endimanchés

Menée par Alexis Forestier, la compagnie les endimanchés mène depuis plus de vingt ans une recherche essentiellement tournée vers les formes littéraires et les œuvres poétiques du 20ème siècle. Elle explore les lisières de l'écriture théâtrale et s'emploie à en questionner ou en déconstruire les formes ; entre expérimentation musicale et agencements précaires de machineries scéniques manipulées à vue, ce travail opère dans la voie d'un décloisonnement des pratiques et la perspective de mettre à jour des zones de frottement, des points de connexion et d'éclairages mutuels entre les éléments scéniques, textuels, plastiques, sonores... La découverte de textes ou de matériaux scéniques peu visités occupe une place de première importance dans ce travail ; qu’il s’agisse de pièces de théâtre rarement jouées, d’adaptations littéraires, ou de montages de textes.

Les créations prévues entre 2018 et 2020 s’inscrivent dans une continuité esthétique liée à l'exploration de textes et fragments littéraires dans lesquels généralement la situation théâtrale l'emporte sur la fiction. L'ensemble des composantes et des registres de présence (les interprètes sont tour à tour musiciens, récitants, machinistes, comédiens) crée une situation de plateau où l'écriture polyphonique est agissante au même titre que la situation dramatique et offre les conditions d'une mise en partage de l'expérience théâtrale à travers un déplacement des automatismes de perception. Cette pratique de la scène a pour fondement une recherche musicale au long cours prenant appui sur un travail de composition de motifs et des techniques de collage et montage sonore. La construction de dispositifs et machines scéniques participe également de l'apparition et des ajustements progressifs de cette écriture où les rôles et les fonctions de chacun ne sont pas assujettis à des logiques de spécialisation, mais tentent de rompre avec les assignations de position et où le commun de la scène favorise un déconditionnement des règles de la représentation et de ce qui permet son avènement.

Sur un autre versant les projets à venir opèrent une rupture significative qui s’attache, dans la lignée d'un questionnement amorcé à partir de l'œuvre de Heiner Müller (Racloir, Le Dieu Bonheur) à ouvrir un nouveau cycle, celui d'un théâtre de textes, fragments littéraires, essais qui se situent dans une perspective d'exploration de contextes politiques ; ceci dans une dimension qui emprunte à la fois au Théâtre document (exposition et dévoilement des matériaux, brouillons, films, archives qui forment l'arrière plan des textes choisis) et à une dimension critique de l'histoire du théâtre (confrontation et/ou mise en présence de matériaux historiquement distincts, intertextualité) ou encore dans une perspective d'archéologie de l'histoire de l'art et des mouvements d'avant-garde (Modules dada, Volia panic...)

Cette année 2018 affirme une nouvelle manière de concevoir le processus de création, que ce soit dans la dynamique du projet Modules dada ou dans le processus de fabrication des différentes stations de Volia Panic et le projet plus étendu qui se profile autour du Cosmisme russe.

Dans un cas comme dans l’autre il s’agit d’aller à la rencontre de textes, qui participent de l’histoire de l’art ou de l’histoire des sciences mais qui dévoilent également une « histoire secrète du 20ème siècle », sous- jacente et révélatrice de ses absurdités, contradictions, de ses moments féconds et de son désastre.

Le projet Volia Panic se déploie de son côté sous la forme de stations, qui mettent l’accent tour à tour sur des aspects distincts – la construction de l’espace, le dispositif sonore ou le montage des textes - qui seront comme autant de variations et pistes de recherche à partir d'une interrogation commune.

La compagnie les endimanchés est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la communication/ Drac Bourgogne et soutenue par le Conseil Départemental de la Côte d'or (21)

Alexis Forestier

Après des études d'architecture Alexis Forestier participe en 1985 à la création d'un ensemble musical proche de la scène alternative, les endimanchés, groupe de percussions qui s'inspire à la fois de la musique industrielle bruitiste et de la chanson populaire. Après diverses expériences dans le prolongement de cette formation, il se questionne sur les mouvements d'avant-garde et la relation qu'ils entretiennent aux écritures scéniques; un intérêt accru pour des formes hybrides et instables le conduit à créer en 1993 la compagnie les endimanchés. Le premier spectacle Cabaret Voltaire, est inspiré de l'émergence du mouvement Dada à Zürich; il s'agit d'une adaptation de La Fuite hors du temps - journal d'Hugo Ball (1913/1921). Ce premier travail oriente les recherches esthétiques de la compagnie qui reposeront sur la confrontation de composantes scéniques hétérogènes, sur des principes de superposition ou de simultanéité. Les travaux suivants se concentrent sur les écritures théâtrales retenues à la lisière d'œuvres poétiques comme celle de Henri Michaux dont il monte Chaînes (1994), puis Le drame des constructeurs (1997) ou René Char dont il monte Claire (1995) puis Les Transparents et La fête des arbres et du chasseur (1997). En 1998, la compagnie met en oeuvre le projet Quatre Terrains préparatoires et présente au cours d'une saison La Fabrique du Pré de Francis Ponge, L'importance d'être d'accord de Bertolt Brecht dans une forme opératique réduite à sa plus petite dimension, L'Idylle de Maurice Blanchot et Quelque chose et l'eau de Cécile Saint-Paul. En compagnie de Cécile Saint-Paul, Alexis Forestier poursuit un travail sur les écritures poétiques et les formes fragmentaires, sur la question de leur transposition théâtrale et musicale .

Suivront les spectacles Une histoire vibrante d'après les Récits et fragments narratifs de Franz Kafka, puis Fragments complets Woyzeck de Georg Büchner où les univers sonores construits sur le mode de la ritournelle, les mélodies répétitives et les motifs musicaux constituent un support à l'écoute du texte, conditionnent la scansion ou la ciselure de la parole.

Pour Faust ou la fête électrique de Gertrude Stein, il compose une musique destinée à être interprétée par six comédiens et un soliste contre-ténor. Celle-ci, simple dans sa construction mélodique et harmonique, consiste en un travail sur la prosodie dans le souci de se tenir au plus près de l'écriture de Stein et des variations qu'elle propose.

En 2005, après avoir côtoyé la clinique de La Borde durant huit années en tant que stagiaire puis bénévole, il monte l'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht avec les patients et soignants de la clinique. Dans le prolongement de cette expérience, il mènera un long travail d'entretiens avec Jean Oury sur La fonction du théâtre à la Borde.

Les spectacles Sunday clothes (2005) puis Inferno, Purgatory et Paradise party qui deviendront Divine Party (2005/2010) occupent une place essentielle et charnière dans le cheminement de la compagnie ; ils s'appuient d'une part sur la mémoire musicale de celle-ci et interrogent en l'intégrant la présence de musiciens sur le plateau. Cette recherche voit un immédiat prolongement dans le spectacle Elisaviéta Bam de Daniil Harms où les comédiens produisent eux-mêmes la matière sonore sur laquelle prend appui le texte ; ce spectacle reçoit le prix de la critique pour la composition de la musique de scène. Cette même année le Festival d’Avignon propose à Alexis Forestier de reprendre son travail autour de l’œuvre de René Char ; cette invitation donne lieu à la reprise de la pièce Claire.

En 2008 Alexis Forestier rencontre André Robillard avec qui il monte le projet Tuer la misère. Cette complicité avec l'artiste se poursuit depuis lors et donne lieu à la pièce Changer la vie (2011) qui est encore jouée aujourd'hui.

En 2011 est créé le Projet du Village de Cristal, texte inédit de Fernand Deligny , puis en 2012, le mystères des mystères d'après l'œuvre de E.E. Cummings.

Depuis 2013, Alexis Forestier participe collectivement à l'ouverture de la Quincaillerie, lieu de vie, d'accueil et d'expérimentation situé dans un ancien moulin à Venarey-les-Laumes en Bourgogne. L'invention du lieu se fait en lien avec la présence ponctuelle de la compagnie qui depuis est implantée en Bourgogne.

Dans la lignée d'un questionnement sur l'œuvre de Heiner Müller (Racloir, Le Dieu Bonheur) s'ouvre en 2014 un nouveau cycle, celui d'un théâtre de textes, fragments littéraires, essais qui se situent dans une perspective d'exploration de contextes politiques ; ceci dans une dimension qui emprunte à la fois au Théâtre document (exposition et dévoilement des matériaux, brouillons, films, archives qui forment l'arrière plan des textes choisis) et à une dimension critique de l'histoire du théâtre (confrontation et/ou mise en présence de matériaux historiquement distincts, intertextualité) ou encore dans une perspective d'archéologie de l'histoire de l'art et des mouvements d'avant-garde (Modules dada, Volia panic…). Chemin de fer, créé en novembre 2021, toujours dans une logique de théâtre musical, prolonge le travail entamé avec Volia Panic en questionnant les modifications de nos perceptions sensibles, liées au développement industriel et à ses effets sur notre manière d'habiter le monde.

Jean-François Favreau

(acteur-chanteur et metteur en scène, Théâtre de l’homme ivre).

Acteur de théâtre et metteur en scène, né à Bastia (Corse). Pendant ses études (doctorat de lettres), il a travaillé d’abord dans le théâtre d’image – compagnie La Machine (Paris) – rejoint Theater Tanto (Vienne, Autriche) pour Les recherches d’un chien, d’après Kafka, Teatr ZAR (Wroclaw, Pologne), où il joue, depuis 2008, le Triptyque Les évangiles de l’enfance (en Europe, Inde, Corée du Sud, Etats-Unis).

Dans le cadre des activités de l’Institut Grotowski, il prit part à un grand nombre d’expéditions de recherche, en particulier concernant le chant méditerranéen (Sardaigne, Corse, Sicile, péninsule italienne…). En 2010, il crée un programme de recherche pratique sur le chant traditionnel, qui devient l’ensemble In medias res.

De 2006 à 2012, il est acteur et collaborateur de Sergei Kovalevich dans la Ressource Song of songs.

Depuis 2012, il travaille comme acteur avec Alexis Forestier/Compagnie les endimanchés sur Le mystère-des-mystères (d’après E. E. Cummings), puis Le Dieu Bonheur (d’après Heiner Müller), Modules dada  (2017) ,  Volia Panic (2019).

Il a mis en scène des textes de Witold Gombrowicz, Georg Büchner et Robert Walser, avec la compagnie La Machine et avec la compagnie qu’il crée en 2006 : le Théâtre de l’homme ivre, notamment Marie ou La chambre claire, en cours de production.

En 2012, il publie une version remaniée de sa thèse, consacrée à Michel Foucault et la littérature : Vertige de l’écriture (Lyon, ENS editions, coll. « Signes »), ainsi qu’une série d’articles.

Barnabé Perrotey

Barnabé fonde en 1989 la compagnie Valsez Cassis avec François Wastiaux, Yves Pagés et Agnès Sourdillon. Il a également travaillé au théâtre sous la direction d’Alexis Forestier, Patrick Haggiag, Alain Gintzburger, Armel Veilhan, Nathalie Epron, Jean Marc Eder, Louis Guy Paquette, Michel Froehly, Françoise Lepoix, Clyde Chabot, Bruno Sachel, Bruno Boussagol, sur des textes d’auteurs principalement contemporains. En 2008, il travaille avec la Cie Magma performing théâtre/Nadège Prugnard, sur le spectacle La Janine. Il joue en 2009 sous la direction de François Wastiaux dans Entre les murs. Il joue au cinéma avec François Dupeyron, Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval. Metteur en scène, Il a également monté Kafka, LF Céline, Cervantès et Heiner Müller. Par ailleurs, Barnabé est chargé de cours à l’université Paris VIII de Saint-Denis et intervient régulièrement en milieu scolaire depuis 1990. Depuis 2006, Barnabé travaille avec La Mâchoire 36. Il joue en 2009 dans La dispersion des silences, et en 2011 dans Dieu gît dans les détails. En 2011, il joue sous la direction d'Alexis Forestier dans Le village de Cristal et dans Modules dada en 2017.

Itto Mehdaoui

Itto Mehdaoui est née en 1991 à Paris. Elle com­mence par fréquenter le théâtre de l’Echangeur à Bagnolet au début des années 2000 où elle suit des cours réguliers de théâtre amateur. En 2011, elle entre à l’école de la comédie de Saint-Etienne. A sa sortie en 2014, elle crée le rôle de Jean dans Un été à Osage County de Tracy Letts, mis en scène par Dominique Pitoiset. Elle crée à partir de 2014, la performance théâtre/concert Volia Panic sur le cosmisme russe en co-mise en scène avec Alexis Forestier, de la compagnie les endimanchés. En 2016, elle joue dans le spectacle jeune public Quand j’étais petit je voterai, mis en scène par Emilie Capliez à la Comédie de Saint-Etienne. Elle jouera en 2017, dans le spectacle Module Dada d’Alexis Forestier, créé au théâtre de Vidy à Lausanne. Elle participe également depuis 2014, à la création d’un lieu de vie, et de travail collectif ‘‘La Quincaillerie’’ à Venarey-les-Laumes, en Bourgogne.